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 Le voyageur immobile en Irlande

extrait

Textes et photos © Jack Harris

 

Vingt troisième voyage

 

Bêêê !...Bêêê ! Bêêê !... mais qu'à donc ce mouton
A secouer ainsi son épaisse toison ?
Est-il pris de folie à courir comme un lièvre ?
A moins qu'il soit atteint par une étrange fièvre;
Toujours est-il que, moi, j'ai du mal à tenir
Et que s'il continue je risque de vomir,
C'est déjà suffisant de renifler sa laine
Qui sent tellement fort que j'en ai la migraine.
Quelle idée ai-je eu de grimper sur son dos ?
Déjà pour me hisser fut pas de tout repos.
J'aurais dû éviter de livrer la bataille
Au maudit Leprechaun qui a réduit ma taille
Il a triché, c'est sûr, en me jetant un sort
Juste pour avoir dit que j'étais le plus fort,
Contrairement à lui, petit nain téméraire
Avare, coléreux, dont je n'avais que faire.
Je n'imaginais pas qu'un si frêle avorton
Me réduise à ce point d'un seul coup de crayon.
Je réfutais le fait qu'un nabot de légende
Puisse vraiment sévir sur la terre d'Irlande
Or aujourd'hui je sais qu'il n'en faut point douter
Sous peine d'encourir dès lors un grand danger.
Attention mes amis surtout n'allez pas croire
Que ce que je vous dis relève d'une histoire
Tout n'est que vérité puisque je l'ai vécue
Et que, sain, mon esprit n'a pas eu la berlue. 
Je disais donc que suite à mon altercation
J'ai perdu le combat face à ce rejeton
Qui dans un petit geste avec une chiquenaude
A su me transformer soudain en Cluricaune.
Me voilà donc réduit à monter un mouton
Puisque pour m'amuser c'est ma seule passion.
Je peux me reposer sur sa toison de laine
Et pour moi, fainéant, c'est vraiment une aubaine
A sentir sous mon corps un matelas soyeux
Il n'y a rien de tel pour me sentir heureux
Je trouve, toutefois, que ma gorge s'assèche
Et à boire du vin déjà je me pourlèche
Je sais où en trouver pour boire désormais
Alors vite je vais m'enivrer dans le chais
D'un certain Leprechaun Ce sera ma vengeance
Afin de le punir pour son outrecuidance
D'avoir triché au jeu, s'être montré sournois
En m'ayant regardé avec un air narquois.
Gloup, gloup, hic!...oh pardon!... j'ai une remontée
Gloup, gloup, hum !... j'apprécie. Vraiment cette cuvée
Mérite qu'on y prête une grande attention
Son nectar est bien plus qu'une bénédiction;
Je ressens ses effets qui me tournent la tête
Gloup, gloup, hic!...oh pardon!... là je suis à la fête
Je peux boire à plus soif et sans rien débourser
Le vilain Lepréchaun pourra le regretter
D'avoir eu envers moi son mauvais caractère
Et puis de me traiter comme une serpillière
Me mettre en Cluricaune quand j'étais un humain,
Il s'est très mal conduit avec ce jeu malsain.
Gloup, gloup, hic!...oh pardon!... nouvelle remontée
J'ai du mal à tenir ma tête relevée
Quoique je continue à boire avec plaisir
Sans pouvoir me lasser de ce doux élixir.
Gloup, gloup, sliup, hum c'est bon! encore une rasade...
"– Mais qu'est-ce que ceci ? C'est une mascarade ?
Que fait ce Cluricaune à siroter mon vin
Je vais le corriger d'un bon coup de gourdin;
Oser boire à mon chais et atteindre l'ivresse
Il va en recevoir un bon coup sur la fesse.
Il a bien du culot, agir sans permission
Sale petit morveux, voilà ta correction.
Reste ici, ne pars pas, attends que je te soigne
Je m'en vais te conduire au pays de cocagne".

Gloup, gloup, hic!.. holà tout doux, tout doux l'ami
Si je bois dans ton chais, oui, si je suis ici
C'est que tu m'as joué une vilaine farce
Le jour où tu as cru devoir perdre la face.
Souviens-toi de l'instant où tu fis d'un humain
Un vulgaire Cluricaune. Agissant par dédain
Tu t'es montré cruel utilisant la ruse;
Tu es un vil tricheur et n'as aucune excuse
C'est pourquoi à présent je te mets au défi
De dénoué le sort et, ce, dès aujourd'hui
Sinon je vais vider complètement ton chais
Et faire que du vin, t'en auras plus jamais.
"– C'est bon, l'ami, c'est bon, je reconnais ma faute
Je voulais devant toi garder la tête haute,
Oui, je suis un tricheur je demande pardon
Mais laisse moi mon vin que tu trouves si bon."

Je me suis retrouvé avec ma forme humaine
Mais quelquefois revient tout comme une rengaine
Le désir de monter sur le dos d'un mouton
Et puis de m'endormir sur sa douce toison.

Et qui sait si, un jour, ces histoires ne feront pas partie des célèbres légendes irlandaises.

 

 

Huitième voyage

 

Le soir vient et, déjà, l'obscurité s'étend,
Je découvre Tralee d'un regard différent;
Sur Lower Castle Street je vois la devanture
Qui, d'un vert très foncé, m'incite à l'aventure.
Sans plus d'hésitation dans le Baily's Corner
Je m'installe à mon gré. Et ne suis pas peu fier
D'avoir trouvé un pub pour finir la soirée
Proche du Grand Hotel où ma chambre est louée.
Enfin je me détends profitant de l'ambiance
Chaleureuse à souhait qui porte à l'insouciance
Après quelques Guiness qui brouillent le cerveau
Et qui me rendent doux comme un petit agneau.
Je me grise bien plus aux chants, à la musique
Ici rien n'est surfait, oui, tout est authentique;
Ça sent la joie de vivre et le bonheur d'aimer,
Dans un semblable cas on se laisse emporter.

J'ai passé un moment vraiment inénarrable
Au centre de ce pub, assis à une table;
J'en conserverai donc longtemps le souvenir
Qui, les jours de cafard, viendra me soutenir.
Ayant longtemps traîné j'ai regagné la chambre
Retenue à l'hôtel. Dans les draps couleur d'ambre
Je me suis effondré, brisé par le sommeil
Dormant à poings fermés et ce, jusqu'au réveil.
La matinée déjà se trouvait avancée
Quand, sautant du grand lit, sous la douche glacée
Je me remis en forme pour affronter ce jour
Qu'il faudrait traverser, tout seul, et sans amour.
Avoir auprès de soi un peu de compagnie
Aurait chassé un brin de la mélancolie
Que je sentis monter dans le fond de mon cœur
Mettant dans mes pensées un sentiment d'aigreur.
Je pris vite sur moi pour éloigner le trouble,
Retrouver un élan avant qu'il ne redouble,
Et qu'il s'en vienne ainsi pour gâcher mon plaisir
De découvrir Tralee et de m'y divertir
N'étant venu ici que pour une semaine
Or le temps passe vite, il faut pas que je traîne.

Je quitte donc l'hôtel, et là, sur Denny Street
J'envisage d'aller après sur Prince's Street
Mais je m'arrête avant car au bout de la rue
Se tient le Muséum. Une force inconnue
Me pousse à découvrir les trésors qu'il détient.
Stupéfait, je demeure à voir ce qu'il contient
Car outre les objets d'un très lointain passé
Le destin des anciens est aussi évoqué
Au travers de saynètes qui paraissent vivantes
Leurs réalisations étant époustouflantes.
Ainsi j'ai parcouru étage après étage
Sans jamais me lasser devant cet héritage
Que Tralee a offert aux regards des curieux
Qui auront un savoir beaucoup plus fructueux.
En laissant le musée mon ventre crie famine
Donc vers un restaurant alors je m'achemine
Sur Denny Street, où là je trouve David Norris
Un lieu propre, accueillant, avec un grand parvis.
Je m'y suis régalé, la cuisine irlandaise
Que je pus déguster a su me mettre à l'aise
Et puis l'irish coffee pour finir le repas
M'a donné du tonus. Donc, sans presser le pas
Je prévois sans délai d'aller à Siamsa Tire
Le théâtre, tout près, est dans mon point-de-mire.
J'arrive sans problème auprès du bâtiment
Qui me laisse interdit très agréablement.

Car je reste ébahi devant l'architecture
De cette construction vouée à la culture.
Mais l'envie se sommeil se faisant ressentir,
Le mur d'enceinte fut mon dernier souvenir.

Le Voyageur Immobile en Irlande est un ouvrage qui comporte 150 pages. S'agissant d'une édition hors commerce, Il est entièrement réalisé par son auteur (écriture, impression, reliure) - ISBN-978-2-85946-163-8 

En vente uniquement chez l'auteur pour le prix de 20 €

 

Règglement par chèque à l'ordre de Jack Harris

et adresser  à : Lotissement La Borde 24380 Cendrieux

 

Dixième voyage

 

Le vent frais du matin est venu me surprendre
Me faisant frissonner. Il me fallait attendre
Et puis tuer le temps avant de pénétrer
Dans la distillerie, voulant la visiter.
Tout me semblait désert. Cette heure matinale
Y était pour beaucoup. J'avais une fringale
Qu'il faudrait apaiser sans trop perdre de temps
Car mon dernier repas fut pris il y a si longtemps!
Le froid qui sévissait poussa à ma démarche
De réchauffer mon corps. Je me mis donc en marche
Longeant le bâtiment bâti en pierres grises
Aux fenêtres, rouge vif, telles des cicatrices
Donnant à cet ensemble un air quasi austère
Qui aurait convenu à un beau monastère.
Il me faudrait plus tard revenir en ce lieu
Mais j'admis néanmoins que changer de milieu
Me serait à coup sûr vraiment fort salutaire
Car j'avais devant moi beaucoup de choses à faire.
A la distillerie célèbre Jameson
J'aviserai plus tard. A présent Midleton
Devenait l'obsession ancrée dans ma pensée,
Pour y trouver un pub en cette matinée.
Donc, en un rien de temps, je remontais Main Street
Délaissant sur ma gauche la rue Broderick Street
La vie tout doucement s'emparait de la ville,
Les rues qui s'animaient chassaient l'esprit tranquille
Au profit d'une intense et folle agitation,
Sans oublier le bruit des moteurs de camion
Que je pouvais croiser au cours de mon errance.
Or c'est un peu plus tard que me sourit la chance,
Apercevant au loin l'enseigne Wallis'Bar
Accolée avec Finin's Restaurant and Bar.
J'allais enfin pouvoir, comme on se l'imagine,
Vite apaiser le mal que causait la famine
Qui provoquait des crampes au creux de l'estomac
Tout comme un grand fumeur est privé de tabac.
A présent devant moi se dressait la palette
De couleurs projetées sur un tableau de maître.
Durant un court instant je fus admiratif
Trouvant original le choix décoratif.
O'Bien's Saddlery par sa façade verte

Me surpris quelque peu. Je restai en alerte

Car cela tranchait trop, près du bleu outremer
Couvrant le Wallis' Bar. Le rouge de l'Enfer
Décrit par mon esprit, quelquefois, ironique,
Mais il ne convient pas d'y voir une critique,
Délimitait avec une vraie précision
Le Finin's Retaurant de sa proche adjonction.
De voir ces trois façades couvertes de peinture
Me laissa évasif, or cette conjoncture
Ecarta pour un temps mon désir de manger
Mais je m'en remis vite, aussi d'un pas léger
Sur le Wallis' Bar j'allais pousser la porte
Avant de m'installer, et puis de faire en sorte
De trouver une table au plus près de l'insert
Ce qui fut très aisé le pub n'ayant ouvert
Depuis peu le matin, aussi la clientèle
Se trouvait parsemée, assise pêle-mêle
Là, sur un tabouret ou là, dans un fauteuil
Et quiconque arrivait recevait bon accueil.
L'insert qui trônait parmi la cheminée
Dispensait sa chaleur mais aucune fumée
N'échappait au foyer qui contenait le feu
Des briquettes de tourbe déposées depuis peu.
Perdu dans mes pensées, le regard dans le vide
Je devais quelque part avoir  un air stupide
Quand je sentis sur moi l'étrange sentiment
D'un malaise subit qui me pesait vraiment.

En relevant la tête arriva la surprise
D'un regard insistant. Je crus à la méprise
N'ayant à Midleton ni ami, ni parent
Que je pus rencontrer dans un pareil moment.
Pourtant elle était là, debout me faisant face,
Quémandant mon avis afin de prendre place
Juste à côté de moi pour bavarder un peu.
J'acceptai en risquant de brûler à son feu.
Dieu!... qu'elle était jolie ma petite irlandaise
Avec ses cheveux roux et ses grands yeux de braise,
Qui pouvaient lire en moi comme un grand livre ouvert.
Pourquoi, sans réagir, me suis-je ainsi offert 
Sans jamais opposer la moindre résistance ?
L'occasion qui s'offrait était mon jour de chance
Je me laissai aller au gré de son désir
Sachant qu'il serait temps, après, pour réagir.
Lorsque sa douce main vint effleurer la mienne
Je sentis que mon cœur s'emballait. Mon haleine
Accéléra son rythme au point de m'affoler
Ce qui ne dura point, je sus me contrôler.
Comme elle m'enivra ma petite irlandaise
C'est vrai qu'elle eut le don pour que je sois à l'aise
Je bus à chaque mot qui sortait de sa bouche,
Et je l'imaginais, près de moi, sur la couche, 
Puis je sentis sa main, glisser sous mon chandail
Pour venir caresser lentement mon poitrail

Ce fut comme un volcan qui ébranla mon être
Je ressenti le feu qui brûlait dans ma tête,
Mon trouble était visible, il devait l'exciter
Car elle tendit ses lèvres afin de m'embrasser.
Je ne pus résister à cette folle invite
C'est pourquoi je voulus y répondre de suite
En tendant mes deux bras afin de l'enlacer.
A ce moment précis je vis tout basculer
Puisque j'étais assis sur le bord de ma couche
Avec un goût amer dans le fond de ma bouche.
Je me sentis trahi d'une ignoble façon
Et me trouvais stupide après cette leçon.
Mais quelle était jolie ma petite irlandaise
Avec ses cheveux roux et ses grands yeux de braise.

 

Si j'ai rédigé cet ouvrage en style néo-classique c'est uniquement dans l'intention de faciliter la lecture afin que celle-ci soit aussi claire et limpide que celle d'une histoire qui serait rédigée en prose.

 

Le thème de l'ouvrage est simple, puisqu'il s'agit d'un personnage qui nous résume quelques-uns de ses rêves qui, bien évidemment, se rapportent à l'Irlande.

Le poète Vert perdu dans ses rêves, en train de méditer

Comment acquérir cet ouvrage

 

Cet ouvrage comporte 150 pages en format A5

Edition limitée hors commerce

ISBN 978-2-85946-163-8  

Prix déclaré à la BNF : 20€

 

Si vous désirez acquérir cet ouvrage adresser un chèque à :

Jack Harris

Lotissement La Borde

24380 CENDRIEUX

 

 

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