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Quelques extraits d'ouvrages - 7

Indécence

 

Il arrive, le soir,

Quand tu te déshabilles,

Que, devant ton miroir,

Nue, tu te démaquilles,

Je me prends à penser

À regretter ce temps

Où quand, jeune mariée,

Derrière le paravent

Tu abritais ton corps

Comme un bijou sacré.

Je faisais mille efforts

Afin de t’amener

À supprimer l’objet

Cachant ma convoitise.

Mais, toi, d’un quolibet,

Tu restais insoumise

Me laissant impatient

À te prendre en mes bras

Et, comme un mendiant,

Je t’implorais tout bas.

Aujourd’hui, tu n’as plus

Cette belle décence

De ces jours disparus.

Je sens l’indifférence

Que tu portes à ton corps

Et c’est bien regrettable,

Car j’éprouve un remords

Dont je suis responsable

 

Reproche

 

Ah!... Combien je maudis

Cette idée que j’ai eue,

Le jour où je t’offris

Cet objet superflu

Pour lequel, le soir,

Souvent tu m’abandonnes.

Ah!... lui et ton miroir:!...

Que Dieu me le pardonne,

Je voudrais les briser,

Les projeter à terre,

Qu’il n’en puisse rester

Pas la moindre poussière

Car ce sont des voleurs

Qui me volent le temps,

Qui dérobent les heures

De nos premiers instants.

Tu es là, attentive,

Regardant ta télé,

Mais tu es évasive

Quand je veux t’embrasser.

Que tu le veuilles, ou non,

Tu es une infidèle

Et quand j’y pense, au fond,

Eh bien!... je me rebelle

Car je n’ai que le soir

Pour profiter de toi

Or, toi, sans le savoir,

Tu t’éloignes de moi.

Tu préfères, je le sais,

Cet objet familier,

Je le sens, et c’est vrai

Que je suis oublié.

Oh!... tu es bien méchante

De me laisser ainsi ;

Ma rancœur est pesante

Aussi, je te le dis :

Je regrette ce jour

Ou je t’ai acheté

Pour te plaire, mon amour,

Ce poste de télé.

 

Le dîner aux chandelles

 

Nous dînerons ce soir

Aux lueurs des chandelles

Et, pour te faire valoir,

Cette robe à dentelle

Que tu as achetée

Il n’y a pas longtemps

Tu pourras la porter.

Dessus, évidemment

Tu poseras ta broche.

Oui !... celle qu’à ta fête

Je t’offris. Mais, approche,

Ne fais pas cette tête !...

Qu’as-tu donc mon amour

Tu me parais chagrine ?

Je sens un sanglot lourd

Qui gonfle ta poitrine.

Aurais-tu un souci,

Un embarras caché ?

Il n’en est rien. Mais oui !...

Je t’ai toujours aimée !...

Est-ce possible qu’un doute

Ait effleuré ton âme ?

Il faut, coûte que coûte,

Que tu me crois, Madame !...

Car je t’aime, je t’aime,

Et je le dis encor.

Ah !... Tu me crois quand même !...

Tu es un vrai trésor.

Mais il se fait bien tard

Va mettre tes dentelles,

Nous dînerons ce soir

Aux lueurs des chandelles.

La tonnelle

 

Dieu!... qu’il fait bon ce soir!...

Allons sous la tonnelle.

Je prendrai un bougeoir

Avec une chandelle

Afin de maintenir

Un léger éclairage

Permettant à loisir

D’admirer ton visage.

Là, du vieux banc de pierre

Formant la demie-lune,

Sous la voûte de lierre

Qui estompe la lune

Je pourrai te saisir,

T’attirer contre moi.

Quand, prête à défaillir

Et brisée par l’émoi

D’un sursaut calculé

Et empli de douceur

Tu m’auras repoussé

Me disant : "tout à l’heure",

Mon ardeur grandissante

S’effacera soudain,

Or, te sentant méfiante

Je saisirai ta main

L’approchant de mes lèvres

Juste pour l’effleurer.

Mais toi, ô sacrilège!...

Tu l’auras retirée

Puis, rejetant la tête

Sur l’arrière de ton corps,

D’un rire de coquette

Tu briseras l’effort

Que je faisais en vain

Pour ne pas te brusquer.

Me plaçant assez loin

Afin de te bouder

Je laisserai passer

Ainsi quelques minutes

Attendant que, froissée

Et me traitant de brute,

Tu reviennes vers moi

M’apporter ta chaleur

En blottissant d’effroi

Ta tête sur mon cœur.

 

 

Toi et tes plantes

 

Elles comptent bien plus

Tes plantes et tes roses

Que moi, qui ne peux plus

Accepter de telles choses,

Car j’en ai plus qu’assez

De tes très chères fleurs !...

Tu peux me délaisser,

Ignorer mon ardeur

Mais je n’accepte pas,

C’est bien vrai, le partage.

Tu n’appartiens qu’à moi !...

Et, sans aucun jambage,

Je m’empresse de suite

De te le rappeler.

Réellement, tu mérites

Que je sois excédé.

Il n’est pas dans mon fond

De te faire des reproches

Mais reconnais, qu’au fond,

Parfois tu me décoches

Des traits qui me transpercent,

Me meurtrissent le cœur,

Aussi, moi, je te perce,

Et selon mon humeur,

Cet amour qui t’est propre,

Eveillant ta conscience

A ces actes impropres

A calmer ma patience.

Je ne t’en voudrai pas

Si tu ignores ces mots

Car je t’aime et... je crois

Que je suis vraiment sot.

 

 

Le cheveu blanc

 

C’est un temps bien maussade

Que celui d’aujourd’hui.

Comme pour la parade,

Les nuages de pluie

Défilent silencieux

En survolant la terre,

Et les vents, furieux,

Aveuglés de colère

Soufflent en mugissant

Leur étrange complainte.

Est-ce un pressentiment

Dont je ressens l’étreinte

Ou n’est-ce qu’un malaise

Qui sera passager ?

Mais non, ne m’en déplaise,

Cette réalité

Elle est bien évidente.

Je la vois à présent,

Comme une flamme ardente

Ce petit cheveu blanc

Que renvoie le miroir

M’apparaît tout-à-coup;

Ce n’est pas illusoire

Aussi, je m’y résous

Non sans que l’amertume

Ne me touche le cœur.

Vite, je m’accoutume

A ce nouveau malheur

Qui n’est rien qu’une image

Des ans que j’ai vécus,

Vers un nouveau passage

Dans un monde inconnu.

Poèmes intimes

Bizerte 1961

Jack Harris sur le pont du dragueur  "Liseron"

Bord de mer

Huile sur toile - 1976 - Jack Harris

 

Salon du Livre à Saint-Rabier

Jack Harris à son stand

  

Impatience

 

Viens vite pour t’étendre

Près de moi sur la couche

Que je puisse enfin prendre

Et tes lèvres, et ta bouche.

 

Viens vite t’allonger

Sur le blanc de nos draps,

J’ai besoin de t’aimer,

Te serrer en mes bras.

 

Viens reposer ton corps

Sur le duvet soyeux

Que je puise aux trésors

Qui sont si merveilleux.

 

Viens me donner cela

Que je goûte à l’amour

Car très bientôt, déjà,

Va se lever le jour.

Les textes présents sur cette page sont extraits de l'ouvrage " En toute intimité "

ISBN - 978-2-859476-146-1

 

 

 

 

Jack Harris, composant dans son atelier en Dordogne

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