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Je m’en irai

 

Je m’en irai flâner à travers bois et champs

Goûter la solitude, en profitant du temps

Que peut m’offrir la vie en raison de mon âge

Entassant chaque année pour en tourner la page.

 

Je tiens à profiter des jours qui sont offerts

Pour prendre des chemins qui partent de travers,

Sillonnant au hasard à travers la nature

Et longeant, quelquefois, une source d’eau pure.

 

Je veux aller me perdre au fond de ces forêts

Qui recèlent des vies qui cachent leurs secrets

Que, seul, le bruissement d’une feuille légère

Parvient à les trahir de façon éphémère.

 

J’aspire à m’échapper vers un autre horizon

Car la ville, à mes yeux, est pire qu’un poison ;

J’y ai perdu le goût, toute ma joie de vivre,

De m’en être éloigné d’un grand poids me délivre

 

 

Prise de conscience

 

Il serait temps de prendre en considération

Que vous avez blessé notre planète Terre,

Décidez, à présent, de mieux faire attention

Avant que ça l’amène à déclarer la guerre

 

Aux petits avortons stupides que nous sommes,

Qui ne savons que prendre et ne jamais donner,

Il est faux de penser de se croire autonomes

Car nous dépendons tous d’un monde nourricier.

 

Cessez d’empoisonner nos fleuves, nos rivières,

Nos étangs et nos lacs, nos mers, nos océans,

D’abattre ainsi le bois dans des forêts entières

Car l’heure est arrivée de modifier vos plans.

 

Montrez-vous, s’il vous plaît, un peu plus raisonnables

Et mettez donc un frein à votre frénésie,

Vos richesses en or seront point profitables

Si notre astre demain punit votre folie.

 

 

Respectabilité

 

Dans sa globalité l’humain a le devoir

D’agir d’une façon qui s’avère équitable

C’est la responsabilité de qui tient le pouvoir

Sous peine de porter le nom de misérable.

 

Pour procéder ainsi il faut une conscience

Qui accorde aux vertus une grande valeur,

Et qui sache donner une extrême exigence

A ce très noble mot qui s’appelle l’honneur.

 

Pour gouverner un peuple l’on doit se montrer sage

Et non administrer dans son propre intérêt,

Car de spolier autrui n’est vraiment pas un gage

Que l’on peut être fier de sa place, au sommet.

 

J’aime le miséreux qui vit dans la droiture

Qui respecte les lois de notre société,

Mais j’abhorre les gens usant de forfaiture

Qui ne m’inspirent pas un seul brin de pitié.

 

 

Insolence

  

Quand je vois à quel point le manque de respect

Qu’ont les politiciens envers les électeurs

Je ne peux que rester devant eux circonspect

Car bien plus qu’injurieux, ils sont fieffés menteurs.

 

Doivent-ils s’étonner devant mon insolence

Quand j’use à leur égard parfois de mots cinglants,

Puisqu’ils agissent mal en parfaite conscience

Des maux qu’ils occasionnent en tant que dirigeants.

 

Pareils à des bouffons gesticulant sans cesse

Ils font de l’Assemblée un théâtre infernal,

Pareils à des enfants qui devant la maîtresse

Pensent à chahuter, et non à leur travail.

 

Sans trop vouloir parler de leur absentéisme

A l’instant de voter pour de nouvelles lois,

Je peux tout simplement les traiter de fumistes

Ces petits serviteurs se prenant pour des rois.

 

 

Sainteté

  

L’on se plaît à chanter l’amour et la tendresse

Mais dans le même temps on tue de pauvres gens,

Je vois dans tout cela l’énorme petitesse

D’esprits civilisés qui n’ont aucun bon sens.

 

Réduire des familles entières à la misère

Quand d’autres, sans scrupule, étalent leur fortune,

Provoque quelque part un climat délétère

Que je n’apprécie guère, ou plutôt, m’importune;

 

Je pensais que l’humain, doté d’intelligence

La mettrait à profit pour embellir son sort

Or je constate en fait ce n’est qu’en apparence

Car par son égoïsme il est faiseur de mort.

 

Seul celui qui partage avec amour son pain,

Qui de sa vie protège un pauvre malheureux,

A droit avec respect au titre d’être humain.

Oui, ces gens-là auront toujours grâce à mes yeux.

 

 

Indifférence

 

Sachez que je n’ai point de goût pour la révolte

Et quoique mes écrits indiquent le contraire,

Cela provient du fait que ce que je récolte

Venant de votre part rend ma vie trop précaire.

 

Peu m’importe celui qui détient le pouvoir

Car il est réservé aux manipulateurs

Ce qui n’est point le but, vous devez le savoir

Puisque vous écartez quiconque à des valeurs.

 

Vous méprisez celui qui n’est à votre table

Car c’est un moins que rien dépourvu de richesse,

Mais il vaut mieux que vous qui êtes un misérable

En ne possédant pas un seul brin de sagesse.

 

Ma pitié est pour vous plus grande que ma haine

L’inverse reviendrait dès lors à m’abaisser,

Je n’en ai guère envie, et puis cela entraîne

Un risque conflit qu’il vaut mieux éviter.

 

 

Le dominateur

 

N’ayez point devant moi vos grands airs de seigneur

Car vous êtes en fait qu’un petit être humain,

Vous avez des envies, vous éprouvez la peur,

Et de vivre longtemps, pour vous, rien n’est certain.

 

Qu’avez-vous plus que moi si ce n’est votre orgueil,

Vos goûts de trahisons, vos envies de richesses,

D’être assis sur un trône et non dans un fauteuil

Pour dominer tous ceux qui saluent vos bassesses ?

 

Privé de modestie et plus fier qu’Artaban

Vous vous glorifiez de dominer le monde,

Quand en réalité, vous resteriez en plan

Sans cet atout majeur qui est votre faconde.

 

Mais vous n’êtes qu’un nain, un misérable nain,

Se trouvant dépourvu de la moindre noblesse;

Puis, ce dont je suis sûr, ce dont je suis certain,

C’est qu’en vous il n’est pas un seul brin de sagesse.

 

 

Mauvais jugement

  

Par principe l’on voit un vagabond errant

Lorsque sur un poète on parle en ignorant

Ce qui peut animer une âme hypersensible

Qui s’écarte du lot d’une masse insensible.

 

L’on voit dans le poète un doux esprit rêveur

Qui s’en va dérivant dans son monde intérieur

Naufragé volontaire au milieu de son île

Qui recherche une paix qui semble bien fragile.

 

L’on juge le poète un peu comme un vieux fou,

Comme un illuminé qu’on admet peu ou prou

Car ses vers quelquefois empreints de vitriol

Disent des vérités qui dormaient en sous-sol.

 

L’on refuse de voir dans le poète un sage

Qui oppose l’amour aux armes en usage

Dans une humanité qui par trop se déchire,

Se livre à des combats qui ne peuvent que nuire.

 

Extraits du recueil "A travers bois et champs"

ISBN -  978-2-85946-150-8

 

 

 

Brumes d’automne

 

Dans les brumes d’automne, un vol léger d’oiseau

Se fraye son chemin parmi les gouttes d’eau

Tenues en suspension, comme flottant dans l’air,

Jusqu’à ce que le ciel redevienne plus clair.

 

Dans les brumes d’automne où les gelées sévissent

Les troupeaux dispersés, près de haies, se blottissent

Meuglant de temps en temps pour marquer leur présence

A travers le pesant, l’inquiétant silence.

 

Dans les brumes d’automne l’aiguail du matin

Dépose mille perles tout au long du chemin

Sur les fils si ténus des toiles d’araignées

Qui restent sagement, en leur cocon, cachées.

 

Dans les brumes d’automne une brise légère

Fait frissonner les hommes au sein de leur chaumière

Qui aspirent, déjà, à un nouveau printemps

Qui pour leur parvenir demandera du temps.

 

 

Les larmes du cœur

  

Les larmes de mon cœur épanchent la misère

Qui règne au plus profond de mon âme meurtrie,

Car je n’ai pu garder ma douce prisonnière

En raison du destin qui vint briser ma vie.

 

Les brumes automnales font revivre un passé

Refusant de mourir et qui défie le temps,

Quels que soient mes efforts revient cette entité

Que j’ai tenté de fuir, en vain, depuis longtemps.

 

Les larmes de mon cœur s’écoulent, douloureuses,

Sur un amour qui a disparu dans la nuit,

J’en ai connu depuis des heures ténébreuses

Que je sois au travail ou couché dans un lit.

 

Je n’ai, depuis ce jour, plus jamais dit : "je t’aime"

Malgré tout cet amour que je puisse donner

A ceux que je chéris. C’est plus fort que moi-même,

Je ne puis sans souffrir devoir le prononcer.

 

Les larmes de mon cœur roulent comme une vague

Qui s’en viendrait mourir sur du sable très fin, 

J’éprouve l’impression que parfois je divague

Quand je vois ton visage apparaître soudain.

 

Je voudrais t’attraper, te serrer contre moi

Mais tu n’es qu’un fantôme, une simple illusion

Qui brise mon humeur et qui jette l’effroi

Dans mon âme meurtrie devant ton intrusion.

 

Les larmes de mon cœur vont-elles se tarir

Avant de rencontrer la Dame au couperet ?

Je crains qu’elle soit seule à pouvoir me guérir

M’entraînant avec elle en son endroit secret.

 

 

Révolte

 

Dans les brouillards givrant qui tapissent la terre

D’un léger manteau blanc qui orne la nature,

Je pense, malgré moi, aux gens dans la misère

Qui, sous un toit précaire, affrontent la froidure.

 

J’éprouve de la honte en les voyant souffrir

Mais n’ai aucun moyen pour leur venir en aide,

Mes ressources arrivant tout juste à me nourrir

Quand d’autres le pourraient ; or leur âme est si laide

 

Qu’ils préfèrent ignorer, poussés par l’égoïsme,

Le pauvre qui se meurt dans la neige et le froid,

Tandis qu’ils font partie d’un monde où l’élitisme

Méprise son prochain en gardant son sang-froid.

 

J’ai envie de crier à la face du monde

Que tous les malheureux se dressent et se révoltent

Pour punir les salauds qui proclament à la ronde

Que l’argent doit aller à ceux qui le récoltent.

 

 

Constat

 

Mon cœur semble étouffé sous les brouillards d’automne,

Qui pèsent lourdement sur un passé vieilli;

Bien qu’étant pas un roi, j’ai porté ma couronne

Qui, couverte d’épines, a causé mon ennui.

 

Certes, j’aurai connu beaucoup de privations

Ce qui, au fond, n’était pas le plus important,

Les maux dont j’ai souffert venaient des intrusions

D’un amour malheureux qui demeura vivant.

 

Je sens que désormais se consume la mèche

Du temps qui m’est donné au cours de cette vie;

Ma peau qui se flétrit n’est pas encor’ trop sèche

Mais sa couleur d’antan est à présent ternie.

 

Je resterai ainsi, à mon vagabondage,

Jusqu’au moment fatal, désigné par le sort,

Où je devrai partir pour le dernier voyage

Empruntant je ne sais quel moyen de transport.

 

 

Prise de conscience

 

Je reste à voyager dans les brumes d’automne

Où des arbres je vois les spectres monstrueux

Qui surgissent, soudain, tandis que je frissonne

En raison du froid vif qui fait pleurer mes yeux.

 

J’avance dans un monde assez fantomatique

Qui conviendrait très bien pour un film d’horreur

Tant il est éprouvant, tant il est famélique,

Que l’angoisse nous prend et fait monter la peur.

 

C’est dans un univers chargé d’appréhension

Que je force le pas jusqu’à mon domicile

Et, lorsque j’y parviens, dès lors, j’ai l’impression

Qu’à me sentir craintif je fus un imbécile.

 

 

Froidure

  

Je n’ai guère la tête à écrire un poème

Car je sens mon esprit aussi froid que le temps,

La météo!... voilà qui cause mon problème,

Ah!.. que passe l’hiver et vienne le printemps.

 

Je ne suis pourtant pas très pressé de vieillir

Les ans que je supporte apparaissent bien lourds,

Pourtant, entre deux maux, il faut savoir choisir

Or, je n’accepte pas de sentir mes doigts gourds.

 

L’endroit où je me tiens n’a que peu de chauffage,

J’ai beau me protéger par une couverture

Je ne peux, il est vrai, me couvrir davantage,

Ma main devra toujours endurer la froidure.

 

Ecrire est cependant mon unique ressource,

Mon unique plaisir, ma seule liberté,

Pourrait-on exiger du fleuve que sa source

Se tarisse le temps de traverser un gué ?

 

 

Souvenirs d’Ecosse

  

Les brumes automnales avivent un souvenir,

Celui des jours heureux où j’étais en Ecosse,

Quand âgé de vingt ans je pouvais parcourir

Les abords du Loch Ness. J’étais encore un gosse.

 

Je garde des châteaux perchés sur les collines

Les silhouettes sombres à travers le brouillard

Qui collait à la peau, semblable à ces bruines

Infiltrant les habits mais que l’on sent trop tard.

 

Je me souviens aussi des courses héroïques

A parcourir à pied la campagne déserte

Sous les noires nuées de corbeaux faméliques

Qui semblaient espérer que j’allais à ma perte.

 

Je garde de ce temps de sublimes images

Profondément ancrées au fond de ma mémoire,

Quand je ferme les yeux, pareilles à des mirages,

Je peux revivre alors un peu de mon histoire.

 

Extraits du recueil " Brumes d'automne"

ISBN - 978-2-85946-152-2

Quelques extraits d'ouvrages - 8

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