

Poète de l'Amour et de la Paix
Ambassadeur Universel de la Paix
Jack Harris
Exil
Je me suis exilé sur une triste terre
Puisque, en ce pays là , fourmillent les humains ;
J’aurais dû, dans mon vol, être plus terre à terre
Et ne pas m’arrêter sur ces sols incertains.
J’ai franchi les espaces, hanté les univers
Sans jamais ralentir au cours de ce chemin,
J’ai choisi cette escale en ce monde pervers
Sans songer qu’il pouvait être sur son déclin.
Je pourrais repartir, mais à quoi bon le faire ?
Je m’attache à ces lieux un peu trop cartésiens,
Si je n’y trouve pas ce qu’il faut pour me plaire
Je m’en consolerai d’un grand rire aérien.
Message sacré
 
L’homme qui ne croit pas en notre Dieu suprême
Est à plaindre vraiment, mais non à délaisser ;
S’il nous arrive un jour d’entendre qu’il blasphème
Ayons pitié de lui au lieu de le blâmer.
Nous n’avons pas le droit d’embrigader une âme
Qui refuse un secours, même pour la sauver,
Approchons-là du feu, elle y verra la flamme
Et peut-être aura-t-elle envie de s’y chauffer.
Une telle conduite devrait partout se suivre
Hélas!, car les humains l’ignorent trop souvent ;
Un homme, pour cela, n’a pas voulu survivre
Mais qui donc à compris son message latent ?
 
Autre dimension
L’homme conçoit bien mal la grandeur des espaces,
Les limites lointaines au fond de l’univers ;
Tout ce qu’il entrevoit sont des pensées fugaces
Éclairant son esprit comme un rêve pervers.
Car au bout des nuées existe une frontière,
Croyez-moi, ce n’est pas le fait d’une illusion ;
On me taxe de fou, l’on dit que j’exagère,
Mais elle existe bien cette autre dimension.
L’atome, tout petit, est pourtant si étrange
Comparé au système dans lequel nous vivons
Puisque, autour du noyau, semblables à des anges,
Gravitent sans arrêt de curieux électrons.
Pourquoi douter alors d’un univers plus vaste
Où tout serait plus grand suivant les proportions
De l’atome au soleil. Il faut être bien chaste
Pour ignorer encor cette autre dimension.
Dédoublement
 
Il est ainsi des soirs où l’âme se repose
Écoutant, comme un souffle, au fond de la conscience
L’exposé nébuleux qui, quelquefois, s’impose
A notre esprit novice à cette expérience.
La pensée est profonde et l’on se sent partir
Pour un monde inconnu, mais l’on y est si bien
Que pour rien au monde on voudrait voir finir
Cet étrange voyage en ce sol lointain.
Tout nous est étranger dans ce dédoublement ;
On découvre des lieux qui, malgré tout, existent ;
Plutôt qu’un long trajet c’est un envoûtement
Où s’animent alors nos pensées qui persistent.
Et c’est en atteignant cet état secondaire
Que l’on conçoit, en fait, cette autre condition
Qui pourrait nous permettre, enfin, de nous parfaire
Et de changer, par là , toute notre opinion.
Elévation
 
Il se pourrait qu’un jour mon âme se repose
Dans un autre univers, sous des cieux plus cléments,
Mais je ne voudrais pas, ami, que cette chose
Te cause de la peine, ou bien plus, du tourment.
Car il en est ainsi. C’est notre destinée,
Cette Terre se perd pour un autre horizon,
Notre vie, ici-bas, est une cheminée
Par laquelle s’enfuit l’âme prête au pardon.
Je n’aurai, en ces jours, joué qu’un petit rôle,
Passant inaperçu parmi ce monde austère,
L’enveloppe du corps n’est autre qu’un geôle
Où l’âme se nourrit mais, après, se libère.
Dès que l’heure a sonné de quitter le cocon,
Que notre moi charnel retourne à la poussière,
Ami, ne crois-tu pas que ce moment est bon
Puisqu’il ouvre les portes à une autre lumière ?
Message d’espoir
L'on dit qu’il faut souffrir pour mériter le ciel,
Que le poète mort on en fait un héros,
Ah ! combien j’aimerais découvrir au réveil
Le paiement de mon dû. Il viendrait à propos
Pour me récompenser de rester à la tâche
Durant de longues heures où la nuit et le froid
Augmentent mon malheur, tandis que sans relâche
Je peine à ce labeur d’un geste maladroit.
Sans chauffage, sans vivre, il faut pourtant finir
Cette œuvre qui, jadis, naquit dans la misère ;
Ce supplice est bien grand mais je dois le subir
Et mon espoir renaît au fond de la prière.
Qu’importe ! Cette vie n’est autre qu’un passage,
J’aurai laissé au monde un message d’amour
Car malgré mon humeur, et mes excès de rage,
Le rôle d’un poète est d’aimer sans détour.
Il est ainsi des soirs
 
Il est ainsi des soirs où penché sur la table,
Ma tête entre les mains, je reste à méditer ;
Dans une position souvent inconfortable
Le sommeil, quelquefois, parvient à me gagner.
De ce brouillard diffus où s’échappe mon âme
Le rêve se précise d’abord lentement
Mais, bientôt, de l’action se dévoile la trame
Lorsqu’un sursaut subit m’éveille brusquement.
Je replonge à nouveau dans mes pensées lointaines
M’efforçant à comprendre un peu mieux les humains,
Cherchant à m’expliquer les forces souveraines
Qui guident les esprits sous leurs grands airs hautains.
 
Instinct
L’homme est un animal qui marche sur deux pattes,
Son cerveau est plus gros que celui d’un mouton,
De son intelligence, on le sait, il se flatte
Mais je ne vois en lui rien d’autre qu’un bouffon.
Il couvre les royaumes en sa suprématie
Puis étend ses méfaits sur chaque continent,
Son orgueil est si grand qu’il le personnifie
A tel point qu’il devient un être pestilent.
Hélas ! Nous sommes frères, et j’en ai souvent honte
Car je porte un fardeau bien trop pesant pour moi ;
Mon instinct, certains jours, à mes dires s’affrontent
J’aime tout, sauf l’homme, et ne peux dire pourquoi.
L’homme
 
Il faut tout pardonner à l’homme, cette bête
Qui avide, brutale, obéit à l’instinct,
Par sa sauvagerie il se place en vedette
Mais son pouvoir, au fond, est vraiment trop succinct.
Ses colères ne sont que de brèves tempêtes
Non sa haine profonde. Je suis bien convaincu
Que sa grande affection se rapporte aux conquêtes
Puisqu’il puise sa joie dans ce qu’il a vaincu.
Sa nature est ainsi, il ne pourra changer,
La gloire qu’il détient lui fait courber le dos,
C’est le seul joug auquel il aime se plier.
Sans l’homme, il ne serait plus jamais de héros.
La gloire
 
La gloire sied à l’homme qui sait la convoiter
Mais cette dame, hélas! n’est pas toujours bien belle
Et, souvent, j’ai pu voir qu’il vaut mieux l’ignorer
Plutôt que de céder à cette jouvencelle.
Cet être est, je l’assure, le plus prostitué.
Elle s’achète, se vend, quel qu’en soit le milieu,
Allant de l’assassin au chanteur mal coiffé,
Elle porte la souillure et brûle comme un feu.
C’est un bouquet étrange aux fleurs éblouissantes,
Son parfum qui enivre est pourtant un poison ;
Sa robe est un miroir de perles étincelantes
Dont il faut prendre garde à la contrefaçon.
Il arrive pourtant qu’elle veuille consentir
A orner de son sceau le front d’un malheureux,
D’un être méritant qui n’a qu’un seul désir
Se livrer à son art sans en être orgueilleux.
Ami, tu peux me croire, espère en sa clémence,
Peut-être auras-tu d’elle, un jour, une faveur.
Respecte sa beauté si tu as cette chance
Mais ne lui livre pas le tréfonds de ton cœur.
Déclin
 
L’enfant
J’ai tant rêvé aux paysages
Que l’on chantait dans les chansons,
J’ai tant songé aux doux rivages
Où se perdaient les horizons
Que pour un unique voyage
Je donnerais tous mes bonbons.
L’homme
J’ai parcouru un continent
Qui m’est apparu très austère,
J’ai traversé en conquérant
Plein de villes pendant la guerre,
J’ai toujours vu au pire instant
Le doux visage de ma mère.
Le vieillard
J’étais au seuil de la vie,
Je suis à celui du trépas.
Je sens parfois la nostalgie
De cette époque où les lilas
Avaient une odeur d’ambroisie
Et que ma mère ouvrait ses bras.
Juste retour
 
Il m’arrive, parfois, de sentir la pitié
Envelopper mon cœur pour ces êtres méchants
Qui avides d’orgueil, de folle vanité,
Égoïstes, jaloux, m’inondent de tourments.
Je ne leur en veux point. Mais leur sottise est telle
Qu’ils découvrent par là leur inintelligence,
Je crois que le meilleur pour calmer la querelle
Est de vivre auprès d’eux et en toute insouciance.
Leurs colères, souvent, sont sujettes à des cris,
Leurs actes injustifiés, leurs mots diffamatoires,
Pour me défendre, moi, je n’ai que mes écrits
Mais ce moyen, pourtant, m’apporte des victoires.
Oui, vous me blasphémez, mais dites-vous qu’un jour
De cette haine immonde qui s’enfuit de vous,
Du fiel nauséabond qui remplace l’amour
Vous serez maculés, saisis par les remous.
La justice de Dieu brisera votre effort
Alors que peu à peu s’éteindra votre gloire,
Vous serez oubliés lorsque viendra la mort
Tandis que mes écrits rentreront dans l’histoire.
Renouveau
 
J’avais tant d’espérance et de confiance même
Envers tous mes amis, envers la société,
Si aujourd’hui mon cœur se révolte et blasphème
C’est qu’il secoue le joug de sa crédulité.
Comme dans un réveil, une ultime naissance,
Se découvre le voile emprisonnant ma vie ;
Amis, je vous croyais, et de cette ignorance
Vous avez profité de façon trop hardie.
Je m’efface à présent de ce monde bien fade,
Me fiant à moi-même, et c’est déjà beaucoup,
Mon regard qui vous suit est une dérobade,
Je suis comme un berger qui guetterait un loup.
Vous aviez apprécié mes bontés autrefois
Et ne comprenez pas à présent ma rancœur ;
Ces liens que j’ai rompus m’allègent à la fois
D’un poids qui me pesait tant à l’âme qu’au cœur.
Je m’en vais désormais, ne regrettant plus rien,
Vers un monde inconnu de vos âmes stériles,
Dans le calme et la paix je me sentirai bien
Oubliant peu à peu vos esprits mercantiles.
Si je pouvais écrire
 
Si je pouvais écrire ce qui me vient au cœur
Je transcrirais l’amour et le plaisir de vivre,
Les mots qui me viendraient chanteraient le bonheur
Avec un tel élan qu’il faudrait plus d’un livre.
Mais je ne peux, ma foi, m’ouvrir en cette voie
Car ma vie, ici-bas, supporte des tempêtes,
L’amertume, en ce cas, vient évincer ma joie
Me plaçant dans l’esprit des pensées indigestes.
Comme un poison violent il me faut les vomir
Afin de retrouver un peu d’apaisement,
Et, du flot qui s’échappe, il me semble sentir
Un bien-être soudain qui me calme un moment.
L’on me regarde, alors, avec un œil sévère
Avant de me juger pour mon acidité,
Ignorant mes raisons, l’on dit que j’exagère
Et l’on ne comprend pas que je sois révolté.
Pourtant, il suffirait d’ouvrir un peu les yeux,
De chercher à connaître un peu mieux mon esprit
Pour découvrir ce monde inconnu sous vos cieux
Fait d’amour et de paix, qui vous est interdit.
Si je pouvais écrire ce qui me vient au cœur,
Je transcrirais l’amour et le plaisir de vivre,
Les mots qui me viendraient chanteraient le bonheur
Avec un tel élan qu’il faudrait plus d’un livre.
Répulsion
 
Il est des êtres vils, des êtres répugnants
Pour lesquels on éprouve d’étranges sentiments,
Telle une répulsion qui vous pousse à partir
Plutôt que de rester auprès d’eux. Ce désir
Devient une obsession, comme une maladie,
Leur présence est, en fait, une sourde allergie
Qui irrite le cœur, puis le corps tout entier.
On s’énerve, on s’aigrit sans jamais s’expliquer
D’où vient cette impression qui, ainsi, nous agite ?
Il suffirait d’un mot pour qu’on se précipite
Aveuglé de fureur, tout à notre courroux,
Semblable à un amant qui serait trop jaloux.
Est-ce à tort ? A raison ? Je ne saurais le dire,
Toujours est-il que, loin d’eux, l’on respire
Et qu’ici-bas certains compensent ce tourment
Soit par leur sympathie, soit par leur dévouement
Combat
 
La pourriture du monde infeste nos rivages,
L’homme garde sur elle encor les yeux fermés,
Supportant les assauts de ces meutes sauvages
En acceptant leurs jeux qui lui sont imposés.
L’on ne trouve plus guère, à présent, et c’est vrai,
D’âmes dont le courage égale la grandeur,
Quant à celles qui restent, un grand coup de balai
Les élimine vite, étouffe leur ardeur.
Il faut pourtant lutter, supporter le combat
Pour chasser à jamais cette infâme vermine,
Que nos terres à nouveau retrouvent leur éclat
Le soleil brillera alors sur la colline.
Quelques extraits d'ouvrages - 9
Ces textes sont extraits du livre " Un feu dans la nuit" publié en 1978 - ISBN - 2-85946-002-0