top of page

Quelques extraits d'ouvrages - 5

 

Poèmes maudits

 

Les "Poèmes maudits" constituent un pamphlet dans lequel Jack Harris a réglé des comptes personnels avec le monde politique, mais encore plus particulièrement contre ceux qui furent responsables de son éviction arbitraire et illégale de la Police.

Le Lecteur ne s’étonnera point de la virulence des propos d’un homme qui s’est constamment battu afin que la loi répressive  s’applique à chaque citoyen et non à l’égard des plus malheureux.

 

Première conclusion

 

Je vais devoir conclure, et puis tourner la page

Qui n’est pas le reflet complet de cette image

Que j’eusse aimer donner sur l’homme politique

Que l’on peut rencontrer dans notre République.

Je connais le sujet, je l’ai trop supporté

Puisqu’un de mes cousins fut élu député,(5)

Sa conduite à l’égard de sa propre famille

Révéla son esprit de bouffon mercantile

Mais oublions ceci car je plains ce parent

Qui savait bien mentir et brasser que du vent.

Je veux rester courtois et ne vexer personne,

Tout au long de l’histoire, aux temps de la Couronne

Déjà se retrouvaient au milieu des salons

Des gens qui magouillaient pour avoir des galons.

Les époques ont changé, plus vite que les hommes

Se complaisant au jeu de croquer dans les pommes.

Qui guide les nations, sinon des mercenaires ?

Ne se vantent-ils pas d’êtres des partenaires ?

Ils voient dans notre terre un échiquier géant

Et se prennent pour Dieu rien qu’en nous y poussant.

Chacun a le culot de crier au scandale

Lorsqu’il est le premier à envoyer la balle !...

C’est vous qui entravez la paix universelle

Puisque vous profitez de la moindre étincelle

Pour asservir les peuples, et tirer vos profits

En faisant naître tels ou tels autres conflits.

A qui devez-vous donc de conduire un régime ?

Vous bafouez le peuple et ceci est un crime

Quand il vous suffirait d’un rien pour mettre un terme

A la cruelle main qui au cou le tient ferme.

Vous usez de mensonges et faites des pressions,

Quels que soient les pays, la grandeur des nations.

Comment pouvez-vous vivre avec un tel esprit

Qui exalte l’honneur mais qui se l’interdit ?

Vous êtes souverains non par votre puissance

Mais par votre fonction. Assez d’outrecuidance

Car en tant qu’être humain, vous êtes le limon,

La fange que la terre produit pour les cochons.

Oui, vous êtes nuisibles à l’univers entier,

Vous gangrenez la vie en disant la sauver,

Vous êtes tellement assidus du mensonge

Que votre esprit devient une effrayante éponge.

Vous perdez la mémoire à vos discours passés,

L’avenir, quant à lui, tant de plans sont dressés

Qui finiront, hélas ! pareils à ceux d’avant,

Classés dans les dossiers d’un vieux sous-sol puant.

Vous êtes ce que vous êtes, Messieurs les Politiques,

Des filous, des escrocs, et des pro-illogiques,

Cela m’importe peu qu’à présent tout est dit

Puis, personnellement, je trouve votre esprit

Au plus bas échelon respectable du monde,

Car vous êtes encore pis qu’une bête immonde,

Qu’un puissant révulsif à l’odeur de charogne

Tellement vous puez de par votre besogne.

Ce que je comprends mal est cette masse humaine

Qui accepte son joug, supporte la rengaine

Sans jamais rechercher à étouffer ce mal

Qui le ronge, l’étreint à un rythme infernal.

A quoi sert de grogner chacun dans son silence

Et servir le tyran en usant de patience ?

Usons du droit sacré, du droit universel

En repoussant d’un "Non" le crime fraternel.

En acceptant l’usage on devient un complice

Et l’on se livre seul à son propre supplice.

A quoi servent nos voix sinon pour nous défendre ?

Le rôle des élus consiste à nous entendre

Aussi, dans ce gâchis, nous avons notre part,

" Qui ne dit rien consent ". Nous restons à l’écart

Vivant avec l’espoir d’un avenir meilleur

Qui n’est qu’une illusion, car le jeu est trompeur.

Les dés étant pipés, l’espoir est utopie

Et chacun, lentement, sombre dans sa folie.

 

Extrait des "Poèmes maudits"

 

Le vieil homme

 

Oh ! Dis-moi vieil homme, pourquoi rester assis

Ainsi que tu le fais, durant de longues heures,

Sur cette large pierre au milieu des débris,

Seraient-ce les restants d’une de tes demeures ?

 

— Étranger, je ne suis qu’une ombre fugitive,

Rien qu’un penseur, sans plus, à l’âme maladive.

 

Oh ! Dis-moi vieil homme, tu parais malheureux,

Ton esprit est chagrin et j’en suis contristé,

Quel peut être ce mal qui te rend ténébreux ?

Si tu le permettais, je pourrais l’apaiser.

 

— Étranger, je ne suis que l’ombre de la Terre,

Si tu veux me sauver, il ne faut plus de guerre.

 

Extrait de "L’inaccessible paix"

 

L’âge d’or

 

Nous voici arrivés enfin à la retraite

Après avoir connu des années de labeur

Et soupçonné parfois connaître une défaite

La vie n’accordant pas à chacun ce bonheur.

 

Nos corps se sont usés, il est vrai, à la tâche

Car nous avons plié souvent sous le fardeau

Pareils à des esclaves, à trimer sans relâche,

A demeurer dociles au milieu du troupeau.

 

La vie nous a pourvus d’une santé solide

Malgré quelques douleurs et autres inconvénients,

Nous ne nous plaindrons pas car il serait stupide

De pleurer notre sort devant des indigents.

 

La chance nous sourit, c’est déjà quelque chose,

Aussi profitons-en tant que nous sommes deux,

Le temps nous est compté aussi je te propose

De savoir à présent en profiter au mieux.

 

Extrait de "l’Âge d’or"

 

 

Nostalgie

 

J’aimerais retrouver le temps de ma jeunesse

Quand je courais les mers et me grisais d’ivresse

Sur le pont d’un navire fouetté par les embruns

Dont l’iode transpirait à travers les parfums.

 

Je n’ai su profiter au cours de cette époque

Pleinement du bonheur que le destin m’offrait,

Je le dis aujourd’hui, sans la moindre équivoque,

Je confondais la vie avec du petit lait.

 

Je m’abreuvais de tout, engrangeant des images

Qui se sont emplilées au fond de mon cerveau,

Les couchers de soleil, la douceur des rivages

Que je foulais le soir avec les pieds dans l’eau.

 

Relâchant dans des ports j’ai visité des villes,

Cotoyé des ethnies m’enseignant leurs coutumes;

Puis, dans chacun des lieux, j’ai trouvé des asiles

Accueillants l’étranger sans aucune amertumes.

 

Aujourd’hui que les ans pèsent sur ma carcasse,

Les images d’antan ravivent leurs couleurs,

Je les vois défiler tel un film qu’on repasse

Avec la nostalgie causant bien des douleurs.

 

Extrait du recueil "Toi, mon cœur"

 

 

Fidélité

 

Si j’ai bien mérité ce châtiment suprême

Reconnaissez, Madame, toutefois, que vous-même

Vous étiez seule en cause à ce tourment profond

Qui agita mon âme en ce fou tourbillon.

Mais oublions cela. Pensons à l’avenir,

A ces heures, ces jours qui nous verront vieillir.

Que serai-je pour vous, Madame, lorsque les ans

L’un à l’autre passés au sablier du temps

Déposeront les rides abîmant le visage,

Et que vos mains osseuses, déformées par leur âge,

S’agripperont encore aux bras du vieux fauteuil

Dans lequel, jadis, où, empreinte d’orgueil,

Vous m’aviez rédigé l’impudente missive

Qui me plaça soudain devant l’alternative.

Je n’avais plus le choix : renier mon amour,

Ce désir était ordre et sans voie de retour.

Ne plus songer à vous, oublier à jamais,

De mon âme effacer tout, même vos portraits;

Il me fallait bannir du profond de mon cœur

Notre amour, notre vie, objets de mon bonheur.

Je ne pouvais m’astreindre à vous renier, Madame,

Car agissant ainsi j’aurais vendu mon âme

Puis, tous ces sentiments qui animaient mon être

Ne pouvaient s’effacer par une simple lettre

Même émanant de vous. Qu’auriez-vous donc pensé

Si, suivant votre vœu, je m’étais empressé

D’obéir à vos ordres, ainsi, tout bonnement ?

Refuser ce parjure et rester votre amant

Je préférais ce choix plus digne à mon honneur

Qu’un reniement honteux qui m’aurait fait horreur,

Je devais préserver en moi le souvenir

De ces années vécues et, pour y parvenir,

Gardant jalousement, tel un précieux trésor,

Cette image chérie toute auréolée d’or,

Reflets de ce visage qui me fut, tour à tour,

Emblèmes de la vie, de la joie, de l’amour.

Certains pourront penser qu’il fut un substitut

Qu’importe, en vérité, j’aurais atteint mon but.

Car si votre abandon fut pour moi très cruel

Vous m’avez immolé sur un bien bel autel.

A présent que j’arrive au déclin de ma vie

Je me prends, quelquefois, à dire : "Ma chérie".

 

Extrait du tome 1 de "Du fond du cœur"

 

bottom of page